Guerre&Po,
guerre et recomposition du politique
Ce travail de recherche part de l’observation du phénomène de guerre à des échelles variées (locale, nationale, régionale et internationale) et dans différentes aires géographiques (Afrique, Proche et Moyen-Orient et Asie), pour mieux appréhender son rapport au politique.
Chacun des chercheurs du projet a choisi de faire une ou deux missions de terrain pour mener des enquêtes localement afin de répondre, à partir de leur cas d’étude, à la question suivante : comment la guerre influe sur la recomposition des espaces politiques.
Dans le cadre du projet, la définition du mot politique est entendue au sens large, en référence à l’étymologie du mot Polis. Il s’agit de l’espace à l’intérieur duquel on observe différents degrés d’association ou de séparation entre les individus ou les groupes. Cela revient donc à se demander si l’espace politique, en référence au cadre étatique, est propice et créateur de vivre ensemble.
L’étude du thème guerre et recomposition du politique se veut dynamique. Il est abordé à partir de deux approches qui interagissent l’une sur l’autre :
La réflexion de l’équipe s’est construite autour de trois interrogations, chacune représentant un axe de la recherche sur la manière dont la guerre favorise la recomposition des espaces politiques et sociaux.
Bien entendu, ces trois questionnements s’imbriquent de manière complexe dans le temps et dans l’espace. Les temps court et long s’entrechoquent et il est important de rappeler l’historicité des facteurs de la guerre. Même s’ils ne sont pas toujours perceptibles, cette prise de recul permet de sortir d’une analyse souvent dictée par le temps médiatique ou politique. En outre, il est nécessaire de rappeler qu’il existe un jeu d’échelles, de vases communicants, entre les espaces géographiques. La frontière des Etats ne coïncide pas toujours avec celle des conflits et la guerre peut s’exporter au-delà des zones considérées comme périphériques (Afrique, Moyen et Proche Orient).
Ce projet a donc pour ambition de revisiter le lien entre guerre, Etat et politique à partir des processus à l’œuvre au niveau micro-local ainsi que de renverser une approche occidentalo-centrée de la guerre et de l’Etat. En effet, l’Etat est souvent considéré comme la seule organisation politique légitime pour les populations dans des régions où il est hérité d’un modèle exporté. Ce constat aboutit à une autre réalité, la guerre n’est pas le seul apanage des Etats, comme ce fut le cas en Europe pendant les deux guerres mondiales puis durant la Guerre froide. Ils sont concurrencés dans l’exercice de leur monopole de la violence par d’autres groupes (milice, rebelle, mouvement djihadiste, etc.).
En marge des Etats, émergent d’autres acteurs politiques plus aptes à répondre aux besoins des populations (sécurité, redistribution des biens, justice). Les guerres créent donc une opportunité pour ces prétendants, qui profitent du désordre pour imposer leurs règles (ISIS, milices en Libye, AQMI au Nord Mali). Un ordre politique à la fois stable et violent finit donc par se pérenniser. Bien qu’ils soient condamnés, car jugés néfastes pour l’équilibre du système international, ces dynamiques doivent être analysées.